Depuis
2 ans maintenant, Gaby va s’lamer sur les scènes lyonnaises
et devient le “slam'gosse“.
Le
slam, poésie urbaine et contemporaine, vient de l’argot
américain "to slam the door" qui signifie "faire
claquer la porte".
Le slam consiste donc à "faire claquer les mots"
.
Alors,
dans ses slams, Gaby fait claquer les mots comme les psaumes ont
crié la souffrance de l’homme, comme les prophètes
ont crié la colère de Dieu !
C’est
un regard de croyant posé sur le monde, sans concession,
avec réalisme et avec foi aussi.
Le
slam devient une prière et un cri.
-
EXTRAIT -
Tu
veux sauver l’homme
L’homme veut sauver la face, sauver sa race, sauver sa place
…
Et l’homme veut sauver les apparences, sauver la bienséance
…
Mais toi !!!... Tu veux sauver le monde, tu veux sauver l’homme
…
Tu regardes le monde et tu entends les discours :
L’un veut sauver la croissance, l’autre l’économie,
la finance ou le taux de chômage
Mais toi !!!... tu penses au chômeur, à celui
qui vit dans la peur.
Tu regardes le monde et tu entends le bruit des bombes...
Guerre économique, guerre médiatique et terrorisme,
3eme guerre mondialiste…
L’homme croit qu’il se sauve avec ses armes
Mais toi !!!... tu penses à celui qui n’a que
ses larmes
Alors le monde crie ses complaintes :
Le bondieusard superstitionneux, veut sauver la religion et ses
rites …
D’autres crient : Si Dieu existait il permettrait pas
ça !
Dieu, si tu as du courage, descend de ton nuage, sur terre gronde
l’orage
Mais toi, tu …
Tu
sais, parfois je t’en veux de ce cadeau que l’on nomme
liberté,
j’ai même parfois envie de crier que c’est un
cadeau empoisonné !
Mais
cette liberté, c’est peut-être cela, notre grandeur
d’homme,
C’est peut-être TOUT cela, ton amour de l’homme
Merci à toi, Jean Debruynne de m’avoir simplement rappelé,
que Dieu veut sauver l’homme …
-
MON EGLISE -
Dès
que je t’ai vue, le coup de foudre,
Tu m’as aimé, je t’ai aimée
Tu m’as adopté
Je me suis laissé adopter
On s’est apprivoisé
Tu
as voulu naitre pour aimer,
Inventer, t’adapter, t’incarner,
Aimer, sourire et pardonner
Tu
m’as nourri, choyé, éduqué
Tu es ma mère
Je suis de ton sang, de ta race, de ta classe
Je
t’aime, mais ….
Quand tu juges, condamnes, ou damnes
Quand tu ritualise et instrumentalise
Quand tu te fais administrative, hiérarchique et rigoriste
Quand ton service asservit la vie
Je ne veux ni me taire ni te laisser faire
Je
t’aime mais…
Quand tu es lointaine
Mondaine et hautaine
Quand tu aimes les mondanités
Sans aimer le monde
Je ne veux ni me taire, ni te laisser faire
Je
t’aime mais…
Quand tu réintègre l’intégrisme
Quand tu réintègre la pègre
Quand tu réintègres
Ceux qui désintègrent
Quand tu te fais sévère comme un cerbère
Je ne veux ni me taire ni te laisser faire.
Je
t’aime mais…
Quand tu dis, la loi, c’est la loi !
Quand elle se fait roi sans foi
Quand le religieux est bien pieux
Et que la religion tourne en rond
Je ne veux ni me taire, ni te laisser faire
Je
t’aime quand
Quand tu ne restes pas les bras croisés
Quand tes bras sont ouverts en croix
Que tes pas croisent ceux de l’humanité
Et que tu croises le fer contre l’injustice
Je
t’aime quand ta vie transpire l’Evangile
Quand tu donnes sens, sourire et goût à la vie
Quand tu es conciliaire, conciliante et concertante
Quand ta collégialité se fait… démocratie
Quand tu te lèves pour te rassembler
Que tu te fais peuple !
Je
t’aime quand…
Quand tu es la voix des sans voix
Quand tu parles au cœur de l’humain
Quand tu oses une parole pour défendre et dénoncer
Quand tu donnes la parole aux bâillonnés, aux muets
Bref, je t’aime quand ta parole est relation,
Quand tu deviens conversation
Je
t’aime quand
Quand tu cherches Dieu
Quand tu n’imposes pas Dieu
Quand tu n’imposes pas ton image de Dieu…
Je t’aime quand tu es visage de Dieu
Je
t’aime quand
Quand tu te souviens que Dieu t’aime
Quand tu te souviens que Dieu croit en toi
Que Dieu s’offre à toi, que Dieu s’offre par
toi
Je
t’aime même si tu boîtes ou si tu ne marches pas
toujours droit
Mais pas quand tu t’arrêtes ou rebrousses chemin
Je t’aime même si ta parole est maladroite ou si tu
te trompes
Mais pas quand tu te tais devant l’injustice
Je t’aime même si tu louches, si tu es presbyte ou astigmate
Mais pas quand tu es aveugle devant la souffrance.
Tu
peux être handicapée, cul de jatte, borgne, lépreuse,
dure d’oreille, bègue, chauve,
Je ne te demande pas d’être la vénus de Milo
D’être un canon ou miss monde
Tu as le droit d’être imparfaite
Tu peux être cardiaque
Et même avoir mal au cœur
Mais pas avoir un cœur de pierre
Tu es faite pour aimer le monde
Corps parfois disloqué tu es l’Eglise
Aimée de Dieu.
Parfois
tu m’as trahi, menti
Loin de tes promesses tu es parti
Loin de l’Evangile tu t’es enfui
Mais tu as su te repentir et revenir
Parfois, c’est moi qui ai trahi, menti
Complice d’acrobaties je suis parti
Loin de l’Evangile, loin de ma vie …
Pourtant avec le Christ, tu m’as accueilli, recueilli.
Tu
t’es parfois prostituée (1)
Avec les idoles : pouvoir, avoir, savoir !
Avec les grands, les puissants de ce monde !
Pourtant tu m’as choyé dès mon enfance
Pourtant, tu es ma mère…
Tu es mon Eglise, mon peuple
Je ne veux ni te quitter, ni te laisser faire… (2)
Je veux simplement continuer de rire, de vivre avec toi
Et te dire: peuple de Dieu, je t’aime !
Sous
le soleil des Bédouins Aout 2010
(1)
Livre du prophète Osée
(2) « c’est aussi notre liberté de chrétiens.
La colère peut être créatrice ou destructrice.
La colère « c’est l’énergie qui
détruit toute limite pour nous amener à être
ou visionnaires ou vandales. Si nous donnons libre cours à
notre aspiration, à notre vision de Dieu, nous devons admettre
en même temps la possibilité d’être des
vandales. Vandales et missionnaires, de manière différente,
sont passionnément révoltés contre la piètre
réalité présente. » Si nous dégagions
plus d’espace pour la colère créatrice et prometteuse
à l’intérieur de l’Eglise, il y aurait
moins de colère destructrice contre notre foi à l’extérieur.
» (et aussi à l’intérieur de nous même)
Timothy Radclife dans « Pourquoi aller à l’église
? » cerf 2009 P110
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